Pour certains enfants, le besoin de stimulations semble infini. Ils bougent, sont bruyants, mettent les objets dans leur bouche… ce n’est jamais assez. Ils sont souvent jugés dérangeants, testant la patience des adultes autour d’eux. Comme parent, il est important d’examiner ces comportements et de tenter d’en comprendre les causes pour mieux encadrer ses enfants. Je vous propose ici une vision avec des « lunettes sensorielles », mais d’autres causes existent, comme un diagnostic de trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité, et des stratégies différentes peuvent être essayées.
D’abord, certains enfants présentant de l’hyporéactivité peuvent chercher à combler un manque de stimulations. Puisqu’ils perçoivent moins bien certains stimuli, ils se dirigeront vers ceux plus intenses. Ainsi, ces enfants préféreront les aliments très goûteux et croquants, les activités qui génèrent beaucoup de bruit, de lumière et du mouvement comme faire un tour de manège, se promener pieds nus dans l’herbe ou le sable, etc.
Ensuite, des enfants présentant de l’hyperréactivité peuvent chercher dans ces comportements à se rassurer. Par exemple, lorsqu’il entre dans un nouvel environnement, un jeune hyperréactif aux bruits pourra se mettre à courir de long en large dans la pièce pour réduire son inconfort. Ou, lors d’un repas dans un restaurant bondé où il y a beaucoup de va-et-vient, un autre peut émettre un son de façon répétitive. Ainsi, l’obtention d’une stimulation connue qu’il apprécie lui permet de diminuer son anxiété.
Ces comportements ont donc une raison d’être pour l’enfant, et plutôt que de les éliminer, on doit davantage les encadrer. Voici quelques points clés :
- Identifier le type de stimulation recherchée par votre enfant (le toucher, le mouvement, le bruit, etc.).
- Trouver une activité adéquate dans laquelle votre enfant peut avoir accès à cette stimulation. Prenons comme hypothèse que votre enfant recherche les stimulations tactiles en retirant constamment ses souliers et ses bas dans les endroits publics. Avant la sortie, offrez-lui un parcours sensoriel pour qu’il puisse marcher sur des textures variées (coussins recouverts de divers tissus, serviettes, papier d’aluminium, ouate, éponge…). Lors de la sortie, proposez-lui des objets à manipuler avec ses mains (toutous poilus ou non ou doux, formes diverses…). N’hésitez pas à lui demander de choisir dans un bac un objet qu’il emportera avec lui.
- Trouver les moments adéquats pour donner accès à votre enfant à ces activités sensorielles.
Lorsque votre enfant vit des stimulations très intenses, il peut être difficile d’y mettre fin. Il se sent bien et aime ce qu’il fait. Prévoir des stratégies pour que la transition se réalise de manière harmonieuse, comme intégrer une minuterie visuelle ou suggérer une activité apaisante, s’avère essentiel afin de faciliter la transition pour votre enfant. Recevoir un massage, se balancer ou écouter de la musique douce aide les enfants à retrouver leur calme et l’attention nécessaire à la poursuite de leurs activités quotidiennes après une stimulation intense. Bien doser et encadrer la recherche de stimulations vous permettra d’accueillir les besoins de votre enfant et de favoriser son fonctionnement optimal.
Myriam Chrétien-Vincent
Ergothérapeute et candidate au doctorat à l’Université Laval
Myriam est ergothérapeute depuis 2010 et s’intéresse particulièrement aux interventions pouvant favoriser la participation des enfants présentant des difficultés de modulation sensorielle. Elle est actuellement candidate au doctorat en sciences cliniques et biomédicales, concentration adaptation/réadaptation à l’Université Laval. Dans son projet doctoral, elle s’intéresse à soutenir l’éducateur en milieu éducatif à la petite enfance qui intègre un enfant avec un trouble du spectre de l’autisme et des difficultés de modulation sensorielle affectant sa participation. Elle est co-auteure du livre Mon enfant apprivoise ses sens publié aux Éditions du CHU Sainte-Justine.
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