Les emportements font partie du développement normal de l’enfant. Souvent, il suffit de l’encourager à nommer les émotions qui le traversent. Avec le temps, il aura moins besoin de s’exprimer par la colère. Mais pour certains qui ont un tempérament bouillant, ces moyens semblent inefficaces. Les crises se multiplient, s’allongent, et deviennent presque impossibles à gérer pour les parents. Ces derniers se retrouvent à bout de souffle, l’atmosphère familiale se dégrade et tout le monde en souffre. Alors, que faire ?
La solution : la technique du retrait, une méthode qui demande peu de préparation, mais qui en contrepartie exige de la constance.
• Décidez d’un endroit comme une tente faite de couvertures et garnie de coussins, ou plus simplement une chaise dans un coin particulier de la maison.
• Inutile que ce soit inconfortable (comme la position à genoux) ou dénigrant (exécuté devant tout le monde).
• Pas de retrait devant la télévision.
• Impliquez votre enfant dans le choix et l’aménagement du lieu, et sur la manière dont il pourra reprendre son calme (se coucher en boule, respirer profondément, prendre son toutou préféré, etc.)
• Expliquez-lui que c’est pour l’aider à diminuer ses crises, que ce n’est pas une punition.
Quand, le retrait ? Avant que la colère n’éclate.
Restez attentif aux jeux de votre petit volcan sur deux pattes. Tendez l’oreille. Si le ton monte, allez vérifier si tout va bien. Souvent, vous saurez si la tempête approche. Si c’est le cas, proposez-lui le retrait, loin de l’animation ou de l’ami qui l’irrite. Rappelez-lui que c’est pour l’aider et éviter la crise.
Si votre enfant ne semble pas encore vraiment en colère, encouragez-le à se changer les idées par des activités comme réaliser un casse-tête, dessiner, lire un livre, s’amuser avec son toutou, etc. Laissez ces objets dans une boîte près du coin retrait.
Au moment même de la crise.
Jouez votre rôle de parent autoritaire pour montrer à votre enfant qu’il dépasse les limites. Adoptez le ton de « l’ours qui gronde » : parlez bas, l’air fâché. Inutile de crier. Utilisez des phrases courtes : « Stop ! retire-toi comme entendu, on parlera après. » Pas de longs discours ni d’ouverture à l’argumentation.
Et si votre enfant résiste ? Dans ce cas, guidez-le vers son coin en le tenant doucement par les épaules, par exemple. Gardez votre ton d’ours, faites preuve de patience et répétez votre message comme un disque rayé jusqu’à ce qu’il accepte d’aller se calmer.
Combien de temps dure le retrait ?
La règle simple : une minute par année d’âge. Donc deux ans, deux minutes, dix ans, dix minutes. Mais si la situation s’aggrave (s’il se met à crier des mots vulgaires), suspendez le décompte et attendez que votre enfant s’apaise.
Et après ? On troque le rôle de « l’ours qui gronde » pour celui de parent-guide. On s’assure qu’il a compris la raison du retrait. Inutile de prononcer de longs discours. Et quand la discussion est terminée, on retourne jouer !
Éliane Labbé, Ps. éd.
Après avoir travaillé en tant qu’intervenante psychosociale dans des organismes touchant les jeunes de 12 à 17 ans, Éliane Labbé œuvre depuis 2008 comme psychoéducatrice à la Commission scolaire de Montréal auprès d’enfants de 4 à 12 ans qui présentent divers problèmes de comportement. Elle accompagne aussi les enseignants et parents devant composer avec les différents enjeux qui y sont liés.
Éliane est coauteure du livre Comportements difficiles... Que faire ? Publié aux Éditions Chu Ste-Justine.
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